Poursuivons dans notre présentation de singles rares (sinon plus...) printed in France avec l'unique disque paru sous le nom d'UMBAÑ ET WAC, en 1975. Autant le dire tout de suite : c'est une pépite.
Commençons par "WAC" qui n'est autre que le sigle de West African Cosmos... cela vous dit certainement quelque chose, non ? En effet, un sublime album éponyme est paru sur CBS en 1976 dans la collection Marginal, faisant suite au 45 tours dont ce post est l'objet ; le nom a changé mais la formation (et l'esprit) demeurent.
L'unique (et mythique) LP de West African Cosmos, comprenant six nouvelles compositions, s'est péniblement écoulé à 3000 exemplaires, malgré deux pressages et le large réseau de distribution de CBS. On en retiendra surtout l'excellent morceau "Emeraude", compilé notamment par les Djs Spider & Philgood sur le défunt label rhodanien Plein Gaz.
Plutôt connu en tant qu'acteur, Umbañ U'kset est l'identité artistique adoptée par Manuel Gomez, qui n'est autre que le tout premier chanteur du Star Band de Dakar. L'année suivante, en 1974, il coécrit avec Mickey Baker la musique du documentaire "Muhammad Ali the Greatest" de William Klein, avant que le projet West African Cosmos ne décolle vraiment. Sur celui-ci, il est accompagné de son compatriote Wasis Diop, dont le nom apparaît sous différentes orthographes au cours de sa carrière : ainsi, sur le disque "Umbañ et WAC", c'est sous le pseudonyme d'Oazis qu'il est crédité, à la guitare. La troisième tête pensante de WAC n'est autre qu'Alain Ehrlich, ancien groupie (sic) de Gong, membre de Crium Delirium, partenaire d'Alan Jack [Civilization], Ariel Kalma ou encore Antoine Tomé, et surtout futur acteur de la pléthorique scène afro hexagonale (qui connaîtra son apogée à la fin des années 80), après sa rencontre avec Ismaïla, co-fondateur de Toure Kunda. Se découvrant alors une passion mordante pour les musiques du monde, Ehrlich finit par s'y consacrer exclusivement, au point de lâcher Jacques Higelin en plein enregistrement (!) pour embarquer dans le vaisseau WAC, où il prend le surnom de "Loy" signifiant "l'Oiseau de Nuit" en wolof.
Umbañ, Wasis, Loy : ces trois esthètes constituent le cerveau du groupe, mais citons également les autres musiciens figurant sur cet opus : Akonio aux percussions, Ayib Gaye à la basse et son cousin Ayib Dieng à la batterie (co-auteur de l'album "Rythmes Africains" sur le label de library Auvidis et qu'on retrouvera quelques années plus tard aux Etats-Unis pour des sessions jazz, aux côtés de Bob Moses par exemple). En 1975, après avoir croisé Jean-Marie Ferrant et son compère André Harwood, alors jeune ingénieur du son, ce sextet se retrouve en studio pour une session d'anthologie...
Umbañ, Wasis, Loy : ces trois esthètes constituent le cerveau du groupe, mais citons également les autres musiciens figurant sur cet opus : Akonio aux percussions, Ayib Gaye à la basse et son cousin Ayib Dieng à la batterie (co-auteur de l'album "Rythmes Africains" sur le label de library Auvidis et qu'on retrouvera quelques années plus tard aux Etats-Unis pour des sessions jazz, aux côtés de Bob Moses par exemple). En 1975, après avoir croisé Jean-Marie Ferrant et son compère André Harwood, alors jeune ingénieur du son, ce sextet se retrouve en studio pour une session d'anthologie...
La face A de ce 45t nous offre "Tuty La Ma Nan", une ballade envoûtante qui préfigure le morceau "Emeraude" cité plus haut, en plus laid-back mais tout aussi groovy. Un riff de basse épuré et hypnotique entame cette composition, bientôt complété par la guitare de Diop en écho. Détail somptueux, de légers et mélodieux chants de passereaux ouatent cette introduction avec délicatesse... Une fois ce décor posé, Umbañ se lance dans des vocalises caractéristiques, à mi-chemin entre chant et incantations. Quelques phrases de piano Rhodes lui répondent, alternant avec des breaks de la basse en forme de stop-chorus, réalisant un parallèle intéressant avec les ambiances de la scène spiritual jazz qui s'épanouissait alors de l'autre côté de l'Atlantique.
L'ambiance change sur la face B avec non pas un, mais deux morceaux plus énergiques (eh oui ce disque est un 45t trois titres). "Abel Jassy" met là encore en valeur le chant si particulier d'Umbañ, mais cette fois-ci sur un tempo ternaire. Les percussions, marquant aussi bien les temps que les contretemps, rendent cette composition extrêmement attachante, tout en renforçant le côté trad. Le Rhodes et surtout la guitare fuzz parachèvent habilement ce morceau dédié au religieux Abel Jassy.
Le groove s'accentue avec "Soxna's Tut" qui démarre par un terrible break du batteur Ayib Dieng. Cette introduction se poursuit par l'arrivée successive de tous les instruments, avec la basse en point d'orgue. En contrepoint du chant toujours inspiré d'Umbañ, Loy nous gratifie d'un discret et somptueux chorus de Rhodes du début à la fin de cette magnifique composition, dans laquelle les percussions demeurent elles aussi remarquables dans leurs interventions.
Au final, ce 45t très rare et méconnu nous propose douze minutes d'une musique délectable et sans équivalent, et participe sans contestation possible de la légende des disques de musiques africaines enregistrés dans l'hexagone.
Terminons en précisant que ce disque d'Umbañ et WAC est la deuxième (seconde ?) sortie de l'éphémère label Spleen Record (la première, dispensable malheureusement, étant signée Billy Zere) créé par Jean-Marie Ferrant, qui possédait la boutique de disques "Banana La Cok" à Poitiers dans les années 70. Umbañ et Jean-Mary Ferrant (sic) sont crédités à la production, et le mixage a été effectué au studio de la Grande Armée par André Harwood.
Près de quarante années plus tard, il n'est pas aisé de dénouer toute cette affaire. Les versions diffèrent en ce qui concerne le lieu d'enregistrement, qui semble bien être le château d'Hérouville, mais dans une salle initialement dédiée aux répétitions (voir les commentaires de ce post) et non dans le grand studio.
En tout cas, cette parution est bien plus rare que l'album (!), ce qui devrait vivement vous inciter à considérer ce véritable ovni avec tout le respect qu'il mérite...
Les travaux pratiques : wacp://www76.zippyshare.com/v/N7Gxp25b/file.html
Last but not least : Wasis Diop a sorti un album sur PIAS en 2008 (allez donc visiter son website) tandis qu'Alain "Loy" Ehrlich a plusieurs projets en cours, toujours axés sur les musiques africaines, dont le fameux projet Hadouk initié dans les années 90. Il a la bonne idée d'avoir une page myspace. Umbañ U'kset apparaît de temps en temps dans des séries TV, lui qui a quelques apparitions filmographiques "prestigieuses" à son actif comme "Descente aux Enfers" avec Sophie Marceau et Claude Brasseur ou encore "Cause Toujours Tu M'Intéresses" avec Annie Girardot et Jean-Pierre Marielle.
Et outre Alain Ehrlich et André Harwood, nous remercions chaleureusement Jean-Marie Ferrant pour les informations fournies, ce qui a permis de rendre cet article plus clair et surtout plus complet. Merci surtout pour ces magnifiques tirages photo (pris par Claire Léger) provenant des archives de Jean-Marie Ferrant, et bien évidemment inédits à ce jour.
Près de quarante années plus tard, il n'est pas aisé de dénouer toute cette affaire. Les versions diffèrent en ce qui concerne le lieu d'enregistrement, qui semble bien être le château d'Hérouville, mais dans une salle initialement dédiée aux répétitions (voir les commentaires de ce post) et non dans le grand studio.
En tout cas, cette parution est bien plus rare que l'album (!), ce qui devrait vivement vous inciter à considérer ce véritable ovni avec tout le respect qu'il mérite...
Les travaux pratiques : wacp://www76.zippyshare.com/v/N7Gxp25b/file.html
Last but not least : Wasis Diop a sorti un album sur PIAS en 2008 (allez donc visiter son website) tandis qu'Alain "Loy" Ehrlich a plusieurs projets en cours, toujours axés sur les musiques africaines, dont le fameux projet Hadouk initié dans les années 90. Il a la bonne idée d'avoir une page myspace. Umbañ U'kset apparaît de temps en temps dans des séries TV, lui qui a quelques apparitions filmographiques "prestigieuses" à son actif comme "Descente aux Enfers" avec Sophie Marceau et Claude Brasseur ou encore "Cause Toujours Tu M'Intéresses" avec Annie Girardot et Jean-Pierre Marielle.
Et outre Alain Ehrlich et André Harwood, nous remercions chaleureusement Jean-Marie Ferrant pour les informations fournies, ce qui a permis de rendre cet article plus clair et surtout plus complet. Merci surtout pour ces magnifiques tirages photo (pris par Claire Léger) provenant des archives de Jean-Marie Ferrant, et bien évidemment inédits à ce jour.
16 commentaires:
pourquoi en wave ?
c tres tres lourd...:)
Nous nous attendions à une telle remarque...
Même si on encode en 320 kbps, y en aura toujours pour se plaindre de la qualité !
DONC :
Nous préférons laisser le choix de la conversion aux utilisateurs, il suffit de taper "convert file" dans un bon moteur de recherche et zou...
En fait on a essayé plusieurs fois et c'était galère, y avait tjrs un plantage à un moment... donc on garde le format wav, au moins pour les singles ! Pour les LPs évidemment on passera au format compressé.
Musicalement
N.
Le choix de la qualité.... ha ! par les temps qui courent voilà plutôt une bonne nouvelle. Le Yéti vous en remercie, vous mets en liens dans ses bons amis de la bonne musique.
Continuez à jardinez messieurs, la musique Bio j'adore ;))
A part les chauve-souris, personne ne se plaindra. Merci pour la visite de grenier. C'est luxueux.
IMPORTANT ACHTUNG :
Après comparaison avec un second exemplaire nous nous permettons d'affirmer que la baisse de niveau constatée vers la fin du 3e morceau "Soxna's Tut" est due à un défaut de pressage.
Les légers craquements au début des morceaux (en plein sur les samples, dommage hein ?) sont eux causés par les affres du temps puisque le vinyl rippé est seulement VG++ to EX.
Merci de votre compréhension
N.
PS je réactive les liens dès que possible...
merci!
tres bien :)
hey hanimex,
I used two tracks from here in a compilation (with a thanks to you of course), come check it here ..
all the best,
Simon
Hum... je viens de me remettre cette petite pépite... que c'est bon... j'imagine très bien une belle réédition 45 de cette bombe chez Plexus Records un de ces jours... why not ? projet à débattre avec les zicos...
Guemo aka Plexus Records
peut-être... mais c'est moi qui ai leurs numéros de téléphone... ha.
N
"La production est effectuée par Umbañ lui-même, assisté de Jean-Mary Ferrant, et le mixage s'est effectué au château d'Hérouville avec l'assistance d'André Harwood."
Qui a donné cette info… ? Je crois me rappeler avoir fait les enregistrements aux Studios de la Grande Armée… Mais je suis sûr d’avoir mixé au Studio Trident (London) exclusivement en compagnie de Philippe Cassegrain pour CBS.
L’épisode Hérouville est faux. Pas de matériel opérationnel a cette époque (changement de propriétaire) donc aucune possibilité d’enregistrement.
André HARWOOD
!
Tout d'abord merci de vous manifester, sans Internet nous aurions cru que personne ne se souvenait de la genèse de ce disque...
Concernant votre remarque, nous avons tout lieu de vous croire (la pochette ne fait effectivement pas mention d'Hérouville). Nous avons certainement mélangé des informations concernant plusieurs disques que nous découvrions en même temps. En conséquence, merci d'être intervenu et de nous permettre de corriger cette erreur.
D'une manière générale, nous sommes à la recherche d'informations au sujet de disques tels que celui-ci: méconnus (diffusion faible, niche artistique) mais de grande classe (interprétation, qualité de production)... et datant d'AVANT le passage au son digital!!!!!
Quelles étaient les conditions d'enregistrement, le matériel utilisé, l'implication des musiciens dans la production, les imprévus/anecdotes pendant les sessions... Malheureusement le peu d'archives dénichables et le temps qui s'égrène ne nous aident pas à faire perpétuer ces souvenirs. Aussi, nous sommes preneurs de toute information utile sinon croustillante au sujet d'enregistrements du même genre (surtout instrumentaux et éloignés de la variété...), dont notre trop jeune âge ne nous permet pas de disposer!!! N'hésitez pas à partager vos anecdotes...
En tout cas respect pour votre carrière, et votre bonne mémoire!
N & E.
salut ! c'est Loy au bout de l'ordi! je suis tombé par hasard sur le blog et c'est bien sympa de parler de cet enregistrement
alors voila; ce disque ( le 45 t) a bien été enregistré à Herouville mais pas dans le grand studio; nous etions dans une aile du chateau reservé aux repetitions et il devait y avoir un 8 pistes en service..je ne me souviens plus qui a enregistré ?
je me souviens bien par contre du studio Trident à Londres ou nous avons mixé le 33 t ; Wasis etait venu avec moi ; nous representions le groupe ; il devait y avoir aussi Andre Harwood ( que je salut au passage) mais c'etaient des anglais qui etaient aux commandes de la console
Salam!
Loy
Bonjour et merci pour ce joli travail et toutes ces infos que l'on ne voit pas souvent, voire jamais.
J'ai un soucis, je vois un lien Sharebee mais qui ne fonctionne pas, peut etre un autre lien se cacherait t-il ailleurs sur la page ? Merci.
Maybe Reup?
Le 33 tours a bien été enregistré par André Harwood et mixé à Hérouville encore ouvert ( j'y étais et y dormais ) Jacques Higelin habitait la ferme du château et nous mangions ensemble tous les midis. Le studio était d'ailleur à vendre. C'est moi même qui avais produit ce 33 tours faisant suite au 45 tours. Par la suite faute de moyens j'ai revendu la bande originale à philippe Cassegrain directeur artistique chez CBS qui a sorti l'album 33 tours.
Jean-Marie Ferrant
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