De par sa qualité d'enseignant en danse moderne et histoire de la danse au CNR de Paris, Jean-Pierre Bottura n'est pas spécialement cité dans les listes de recherche des diggers. Pourtant, "Danse Jazz Moderne" est un des rares disques consistants consacrés à l'accompagnement des danseurs, en dehors de certains titres de la pléthorique collection Unidisc, label à but pédagogique s'il en est. L'instrumentation est ici confiée à un big band où intervient le regretté Guy Pedersen (au patronyme mal orthographié sur la pochette), contrebassiste talentueux qui accompagna Baden Powell et signa d'excellents disques de library. Les arrangements sont l’œuvre du pianiste Christian Zysset, qui a lui aussi plusieurs illustrations à son actif.
Six morceaux sont au programme de cette autoproduction. Les trois compositions de la face A sont des variations d'un même thème dénommé "Pop Corn" subissant des variations de tempo et surtout de métrique : d'abord à 4, puis 3 et enfin 5 battements. Dans le morceau inaugural "Pop Corn - 4", la rythmique installe un swing rapide, dialoguant avec les phrases enjouées des cuivres, avant que ceux-ci ne s'emparent du thème, accompagnés du piano. Les chorus de saxophone ténor et de trombone maintiennent la pression, bien soutenus par le reste de l'orchestre. La version suivante "Pop Corn - 3" est exécutée plus lentement et sur un rythme ternaire 6/8. La trompette prend cette fois les commandes du discours, suivie de la flûte et du piano. A noter le contrepoint des cuivres avant le retour du thème, permettant d'occulter la rythmique très détachée sur cette version. Le swing revient de façon plus évidente sur le morceau concluant la première face, "Pop Corn - 5". La métrique est maintenant impaire (5/4), suivant l'exemple du célèbre "Take Five" de Paul Desmond, composition dont la popularité auprès des big bands de l'époque est assez stupéfiante... Là encore, c'est par un chorus de sax ténor que débute le bal des improvisations, au milieu des phrases de cuivres surplombant l'ostinato du piano, avant que la trompette puis la flûte ne s'approprient la trame mélodique du morceau, les cuivres ayant encore une fois le dernier mot. Les différentes couleurs proposées lors de cette première face typée jazz relèvent d'un fort sympathique effort, tandis que la seconde va s'attarder sur le qualificatif "moderne". Elle démarre avec une dernière version alternative du morceau "Pop Corn", menée ici par une rythmique pop binaire et donc dénommée "Rythme and Blue Pop Corn" (sic). Les cuivres imposent une ambiance nerveuse, pour lancer un fort sympathique solo de sax ténor, suivi par la trompette (ici en mode mineur) puis la flûte, après un interlude volontaire du trombone. Sous l'effet de la basse (électrique cette fois), le pont permet au morceau de décoller complètement avant une seconde intervention du sax ténor et du trombone. La batterie mixée assez en avant tient un rôle clé dans la cohésion et le dynamisme de l'orchestre : c'est du sérieux... "Samba" enchaîne sur un tempo vif avec une introduction tout à fait samplable (sic again) aux percussions, bientôt rejointes par la basse avant que la virevoltante flûte ne prenne les devants, lançant des phrases bien en rapport avec le titre du morceau. Sans véritablement s'imaginer à Bahia ou Rio, l'énergie et l'émotion sont au rendez-vous jusqu'au fading final. Le dernier morceau "Rythme Primitif", introduit par des tambours africains, voit là encore les envolées de la flûte dominer les débats, cette fois sans l'appoint de la basse.
A défaut de savoir quels pas de danse effectuer sur cette musique, force est de constater que la rythmique tient un rôle prépondérant pour entretenir la tension. Par instants, cette session rappelle certains disques de library contemporains tels "Jazz Panorama" de Raymond Guiot, ou le "Dance and Mood Music Vol. 18" signé Les Prospection (sic), enregistrés eux aussi au début des années 70. Il faut aussi saluer la présence d'improvisations inspirées tout au long du disque, ce qui n'est pas si fréquent en library, puisque les heures de studio étaient généralement très limitées ou les musiques très "écrites", sans parler des difficultés pratiques à contourner pour réunir un orchestre au complet (cf 'Paris Point Zéro')... Une preuve de plus arguant que ce big band était particulièrement bien rodé, et donc propre à retenir notre intérêt.
Terminons en évoquant le collage "vasarelyesque" illustrant la pochette : réalisé à partir de photographies d'instruments de percussion, voilà un plus appréciable pour les esthètes (que nous sommes) sensibles à l'attrait de l'objet vinyl. Ce design est d'ailleurs réutilisé pour le faux jumeau "Danse Jazz Training" avec une teinte marron clair au lieu du bleu. Sur ce disque moins intéressant à partager puisque constitué de cinq pièces uniquement interprétées à la batterie (dont un rhythm and blues de 17 minutes !!), vous trouverez plutôt de quoi nourrir votre sampler... Et si c'est précisément le rapport avec la danse qui vous motive, alors le label américain Hoctor vous comblera (attention toutefois, certaines cotes ont trois digits).
Six morceaux sont au programme de cette autoproduction. Les trois compositions de la face A sont des variations d'un même thème dénommé "Pop Corn" subissant des variations de tempo et surtout de métrique : d'abord à 4, puis 3 et enfin 5 battements. Dans le morceau inaugural "Pop Corn - 4", la rythmique installe un swing rapide, dialoguant avec les phrases enjouées des cuivres, avant que ceux-ci ne s'emparent du thème, accompagnés du piano. Les chorus de saxophone ténor et de trombone maintiennent la pression, bien soutenus par le reste de l'orchestre. La version suivante "Pop Corn - 3" est exécutée plus lentement et sur un rythme ternaire 6/8. La trompette prend cette fois les commandes du discours, suivie de la flûte et du piano. A noter le contrepoint des cuivres avant le retour du thème, permettant d'occulter la rythmique très détachée sur cette version. Le swing revient de façon plus évidente sur le morceau concluant la première face, "Pop Corn - 5". La métrique est maintenant impaire (5/4), suivant l'exemple du célèbre "Take Five" de Paul Desmond, composition dont la popularité auprès des big bands de l'époque est assez stupéfiante... Là encore, c'est par un chorus de sax ténor que débute le bal des improvisations, au milieu des phrases de cuivres surplombant l'ostinato du piano, avant que la trompette puis la flûte ne s'approprient la trame mélodique du morceau, les cuivres ayant encore une fois le dernier mot. Les différentes couleurs proposées lors de cette première face typée jazz relèvent d'un fort sympathique effort, tandis que la seconde va s'attarder sur le qualificatif "moderne". Elle démarre avec une dernière version alternative du morceau "Pop Corn", menée ici par une rythmique pop binaire et donc dénommée "Rythme and Blue Pop Corn" (sic). Les cuivres imposent une ambiance nerveuse, pour lancer un fort sympathique solo de sax ténor, suivi par la trompette (ici en mode mineur) puis la flûte, après un interlude volontaire du trombone. Sous l'effet de la basse (électrique cette fois), le pont permet au morceau de décoller complètement avant une seconde intervention du sax ténor et du trombone. La batterie mixée assez en avant tient un rôle clé dans la cohésion et le dynamisme de l'orchestre : c'est du sérieux... "Samba" enchaîne sur un tempo vif avec une introduction tout à fait samplable (sic again) aux percussions, bientôt rejointes par la basse avant que la virevoltante flûte ne prenne les devants, lançant des phrases bien en rapport avec le titre du morceau. Sans véritablement s'imaginer à Bahia ou Rio, l'énergie et l'émotion sont au rendez-vous jusqu'au fading final. Le dernier morceau "Rythme Primitif", introduit par des tambours africains, voit là encore les envolées de la flûte dominer les débats, cette fois sans l'appoint de la basse.
A défaut de savoir quels pas de danse effectuer sur cette musique, force est de constater que la rythmique tient un rôle prépondérant pour entretenir la tension. Par instants, cette session rappelle certains disques de library contemporains tels "Jazz Panorama" de Raymond Guiot, ou le "Dance and Mood Music Vol. 18" signé Les Prospection (sic), enregistrés eux aussi au début des années 70. Il faut aussi saluer la présence d'improvisations inspirées tout au long du disque, ce qui n'est pas si fréquent en library, puisque les heures de studio étaient généralement très limitées ou les musiques très "écrites", sans parler des difficultés pratiques à contourner pour réunir un orchestre au complet (cf 'Paris Point Zéro')... Une preuve de plus arguant que ce big band était particulièrement bien rodé, et donc propre à retenir notre intérêt.
Terminons en évoquant le collage "vasarelyesque" illustrant la pochette : réalisé à partir de photographies d'instruments de percussion, voilà un plus appréciable pour les esthètes (que nous sommes) sensibles à l'attrait de l'objet vinyl. Ce design est d'ailleurs réutilisé pour le faux jumeau "Danse Jazz Training" avec une teinte marron clair au lieu du bleu. Sur ce disque moins intéressant à partager puisque constitué de cinq pièces uniquement interprétées à la batterie (dont un rhythm and blues de 17 minutes !!), vous trouverez plutôt de quoi nourrir votre sampler... Et si c'est précisément le rapport avec la danse qui vous motive, alors le label américain Hoctor vous comblera (attention toutefois, certaines cotes ont trois digits).
9 commentaires:
nu link, jazzheads.
N
je viens de chiner - un peu au pif - les 2 disques en question et grace à vous, j'en sais maintenant un peu plus... effectivement, le "moderne" est très bon alors que le "trainig" a - pour moi - beaucoup moins d'interet.
Merci pour ces infos !
quand on peut rendre service...
:)
Ce disque n'est que l'ombre des trois albums de Christian Zysset de 1970 : "Acid", "Profondeur 1000" et à mon sens le meilleur de tous : "cosmogonie".
merci beaucoup
Un petit mot gentil pour un re-up ??
Et bien : Bonne année à vous !!
Et maintenant, on peut espérer avoir " Jean-Pierre Bottura ¤ Danse Jazz Moderne " ?? Allez, siouplait! Merci.
c'est aussi simple que ça :-)
lien valable ~30 jours :
http://www90.zippyshare.com/v/VAMcZYNo/file.html
enjoy!
N
Yes, génial !! Merci beaucoup.
bonjour
Je viens juste de chiner ces deux albums et je découvre cette musique de bonne facture...
Merci pour toutes ces infos!!!
D
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