Amateurs de deep soyez extrêmement attentifs, car voilà un disque rare et oublié mais néanmoins doté d'un pedigree des plus significatifs : autant de critères propres à susciter l'intérêt de tout digger respectable... donc exclusif. Mince, de qui est-ce qu'on parle là ?!?
Bref. Ce nouveau post est donc consacré au premier album solo de Babik Reinhardt, et même si la discographie du "fils de" tient sur les doigts d'une main (pas celle de son père, hein...), il constitue très certainement une totale découverte pour vous.
A vrai dire, la distribution extrêmement confidentielle de cet opus est une excuse parfaitement valable. Le label CBS, subdivision européenne de la major d'alors Columbia, est en effet un riche pourvoyeur de raretés (comprenez : disques novateurs difficiles à promouvoir) comme Placebo, Bernard Estardy, Les Masques, le sous-label AKT déjà présenté dans ce post,... la liste est longue.
A l'examen de la pochette, on pressent l'inhabituel, et a fortiori le deep : au recto une image des musiciens se réchauffant autour d'un feu de palettes dans une cour de ferme, au verso un poème abscons** en hommage au leader... et un line-up qui interpelle, la faute à deux noms ronflants car hautement révérés par les amateurs de rare groove de France : Fernando Martins (piano, Trio Camara) et Alex Bonavita (guitare, Structure, compilation Jazz à Marseille). Voilà donc pour ledit pedigree, alléchant avouons-le, de ce quintet complété par Marcel Sabiani à la batterie et Robert Cradel à la basse (et non Jannick Top comme le mentionne le website de Sabiani). Ceci posé, on hésite entre le sentiment appréciable de pouvoir encore, de nos jours, découvrir des disques au potentiel excitant, et celui (moins confortable) d'avoir raté quelque chose depuis tout ce temps. Pas sûr que vous trancherez entre ces avis une fois que vous aurez digéré cette chronique...
Bref derechef. Maintenant que les présentations sont faites, concentrons-nous sur la musique s'il vous plaît. L'entrée en matière est relativement abrupte, impression retrouvée tout au long de l'écoute : les tempos sont enlevés, la batterie (très sèche) ou les riffs nerveux de la guitare rythmique sont présents dès l'introduction des morceaux. Bien qu'indéniablement seventies, le son surprend quelque peu et semble même un peu froid... Les timbres des instruments ne sont pas aussi séduisants qu'on aurait pu l'espérer, de la guitare du leader au son somme toute convenu à la batterie plate et sans ressort (mais avec un peu trop de cymbales...) en passant par le piano Rhodes à la sonorité moins chaleureuse qu'à l'accoutumée. Tout cela souffre de la comparaison avec les références du genre, la faute à une production visiblement limitée, mais néanmoins garante de deep, again. Dans l'ensemble, l'ambiance se montre méditative et mélancolique, sans autre relief que les variations d'intensité des longues plages d'improvisation dans lesquelles il est bien difficile de déceler un lien avec le Brésil, à moins que le titre de l'album ne soit simplement trompeur. Mais alors, où donc réside l'intérêt de ce disque ? Certainement dans son caractère unique, ce qui de facto le rend difficile à classer. Lorgnant vers le jazz-rock alors en plein boom en Europe, mais dans une version artisanale bien atypique, les musiciens y expriment leur vécu à nul autre pareil, sans chercher à copier les productions américaines par des gimmicks éculés ou des arrangements grandiloquents.
Bref derechef. Maintenant que les présentations sont faites, concentrons-nous sur la musique s'il vous plaît. L'entrée en matière est relativement abrupte, impression retrouvée tout au long de l'écoute : les tempos sont enlevés, la batterie (très sèche) ou les riffs nerveux de la guitare rythmique sont présents dès l'introduction des morceaux. Bien qu'indéniablement seventies, le son surprend quelque peu et semble même un peu froid... Les timbres des instruments ne sont pas aussi séduisants qu'on aurait pu l'espérer, de la guitare du leader au son somme toute convenu à la batterie plate et sans ressort (mais avec un peu trop de cymbales...) en passant par le piano Rhodes à la sonorité moins chaleureuse qu'à l'accoutumée. Tout cela souffre de la comparaison avec les références du genre, la faute à une production visiblement limitée, mais néanmoins garante de deep, again. Dans l'ensemble, l'ambiance se montre méditative et mélancolique, sans autre relief que les variations d'intensité des longues plages d'improvisation dans lesquelles il est bien difficile de déceler un lien avec le Brésil, à moins que le titre de l'album ne soit simplement trompeur. Mais alors, où donc réside l'intérêt de ce disque ? Certainement dans son caractère unique, ce qui de facto le rend difficile à classer. Lorgnant vers le jazz-rock alors en plein boom en Europe, mais dans une version artisanale bien atypique, les musiciens y expriment leur vécu à nul autre pareil, sans chercher à copier les productions américaines par des gimmicks éculés ou des arrangements grandiloquents.
Il faut rappeler qu'à l'époque (1972) les moyens tant matériels que financiers requis par les instruments électrifiés limitent grandement leur accessibilité et donc leur maîtrise. En particulier, les synthétiseurs n'ont pas encore déferlé sur le Vieux Continent. En France ils restent confinés à des studios montés de toutes pièces par des musiciens-chercheurs à la richesse substantielle : Ganaro pour Eddie Warner, CBE pour Bernard Estardy, etc. Les contraintes associées à l'utilisation de ces machines (encombrement, connaissances technologiques requises, coût d'importation) ont retardé leur apparition dans la musique européenne, entretenant le décalage avec les classiques alors enregistrés aux Etats-Unis, renforçant du même coup la singularité des albums de cette courte mais faste période.
"Sinti Houn Brazil" navigue donc dans la vaste catégorie du jazz plus ou moins "fusionné", adulé déraisonnablement par une poignée d'aficionados, délaissé voire moqué par le plus grand nombre. Il reste à faire fi de la temporalité de l'œuvre, pour l'apprécier en simples esthètes.
Après vous : huup://ezfile.ch/x6q28o1r
** ledit poème est signé Sandra Jayat dont il est question ici et là.