mardi 1 septembre 2015

Den Sorte Skole ¤ III


Pour accueillir cette rentrée avec une contrition moindre - quelle barbe tout de même - braquons les projecteurs sur le collectif de Djs "Den Sorte Skole", ce qu'on peut traduire par "L'Ecole Noire" en français, ou encore " The Black School" si tu veux te la raconter en anglais.
Comme l'indique l'image sobre et immaculée ci-dessus, c'est déjà le troisième projet du genre que présente ce trio danois, après deux précédents avatars en 2005 et 2008. Sorti au printemps 2013, il propose cette somptueuse pochette deep black (sic) dont le lettrage blanc caractérise la seconde édition (non numérotée) de mars 2014. Difficile d'imaginer à l'avance ce que renferme ce mystérieux écrin s'ouvrant en triptyque, mais on peut s'attendre à du deep bien lourd - sans blague.
Cette pièce de choix comprend vingt-cinq morceaux répartis sur six faces, mais la continuité de l'ensemble rend ce découpage totalement fantôme : ce n'est rien moins qu'une pièce en six actes, à découvrir dans l'ordre de son choix. Le résultat, aussi fourmillant qu'inclassable, baigne dans l'expérimental accessible, offrant des tonalités folkprogpsyché et même électro (formidable face E), mais assez peu de grooveLa douceur des introductions incite à une écoute calme, et laisse l'auditeur parcourir et développer son monde intérieur en toute quiétude ; l'apaisement est au bout de chaque face… Les longues compositions, aux différences plus subtiles que franches, sont construites avec un soin admirable ; on emprunte l'ascenseur émotionnel plus d'une fois, et sans effort !
En vérité, c'est surtout la manière qui étonne et mérite même une révérence, puisque ce projet n'est constitué que de cassettes et de disques déjà parus. Ultimate bootleg… Les auteurs s'en expliquent longuement dans un épais livret - noir lui aussi - se terminant par un listing exhaustif des ingrédients de ce travail d'orfèvre, preuve définitive - si besoin était - du sérieux de l'entreprise.
En pages centrales du livret, plusieurs colonnes de commentaires décrivent les morceaux un par un, énumérant des informations consistantes sur les références les plus obscures apparaissant dans le mix. Doji MoritaEgil Kapstad, LaghoniaAsha BohsleSermonizerCo-MixWaldjinah, Günter Maas… voilà des noms qu'on ne rencontre vraiment pas souvent, voire jamais, et encore moins ensemble ! Le remarquable éclectisme de la sélection, tout à l'honneur de ces écoliers nordiques, garantit une infinité de portes d'accès à cet univers musical stricto sensu : tous les goûts sont permis… A chaque écoute, y compris la première, une saine sensation de familiarité s'immisce discrètement et capte irrémédiablement l'attention. Très objectivement, il semble impossible de résister à l'envie d'écouter toutes les faces, encore plus de ne pas aimer ces véritables cathédrales sonores. Parole.
Au final, une telle diversité a de quoi étourdir, autant que le télescopage savamment contrôlé de musiques aussi variées : aucun style ne semble avoir été oublié sur la période balayée (a priori 1944-1995). Certains artistes apparaissent à plusieurs reprises (AreskiYoung-Holt UnlimitedEgisto MacchiLes Baxter…) et on constate une forte proportion de musiques du mondesavantes et de library. A raison d'une quinzaine d'échantillons par morceau, on dépasse allègrement les trois cents références : il est naturel d'en reconnaître quelques-uns. Néanmoins, l'intérêt de cette œuvre atypique ne saurait se limiter à une simple avalanche de samples, et force plutôt le respect par sa cohésion, sinon sa poésie.


PS : Vifs remerciements à la boutique Plexus Records pour cette magnifique découverte !

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